Vous avez tous certainement entendu parler de cet élan de solidarité « Love army for Somalia »qui avait mobilisé internet en 2017. Celui-ci avait permis de récolter un peu plus de 2,6 millions de dollars pour la lutte contre la famine en somalie. Initiée par le youtubeur Jérôme Jarre, la collecte avait mobilisée les acteurs Ben Stiller et Omar SY. Celle-ci avait été effectuée par l’intermédiaire du site de financement participatif Gofundme.
Le financement participatif n’est pas un phénomène nouveau.
Le financement participatif (ou crowdfunding pour les anglophones que nous sommes), consiste à faire appel à la générosité du public dans le but de financer une action, un projet. Certains auteurs ayant travaillé sur le sujet, situent le phénomène au début des années 2000. En France, c’est effectivement en février 2008 avec le buzz crée par l’artiste musicien Grégoire que l’on en entend parler pour la première fois (pour une bonne partie d’entre nous). Saviez-vous qu’en 1884, le comité américain chargé de la construction de la statue de la liberté manquait de fonds pour la suite des travaux. Joseph PULITZER en 1885, publia dans son journal « The new world » un appel public au don pour financer le piédestal du célèbre monument. En moins de six mois, il avait pu mobiliser environ 100 000$. En approfondissant les recherches, il n’est pas impossible que l’on remonte encore plus loin dans le passé. Une chose est certaine, c’est bien l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), qui a contribué à la vulgarisation de ce phénomène, qui n’est finalement pas tout à fait nouveau. L’avènement de l’internet, des smartphones et des applications toujours plus nombreuses, ont permis et faciliter la capacité à toucher le plus grand nombre de personnes et ceci à travers le monde.
Malgré une croissance rapide de ce modèle, le financement de l’économie reste l’apanage des établissements financiers traditionnels.
Le financement participatif connait une évolution soutenue depuis quelques années. Le nombre de plateformes en ligne a littéralement explosé dans le monde. Dans son rapport annuel 2016, l’ORIAS (organisme pour le registre des intermédiaires en assurance, banque et finance), dénombrait plus d’une centaine d’acteurs pour les deux catégories de conseillers en investissements participatifs et intermédiaires en financement participatif en 2016 en France. Selon le baromètre annuel publié par l’association Financement Participatif France en collaboration avec KPMG France, le montant des fonds collectés en France pour cette même année atteignait les 629 millions (contre 297 millions en 2015) avec seulement 2.6 millions de financeurs.
Aujourd’hui, on parle plutôt de finance alternative. En effet, le financement participatif revêt plusieurs formes distinctes. La plus connue est le don avec ou sans récompense. Nous avons parallèlement à cela le financement participatif sous forme de prêt. L’étude des différents types de crowdfunding fera l’objet d’un approfondissement à venir.
L’association France générosités, sur son site internet nous donne le chiffre de 218.5 millions d’euros en 2020 contre 80 millions d’euros en 2019 de dons collectés en France. Nonobstant ces chiffres (plutôt flatteurs), le financement traditionnel des grandes banques demeure majoritairement le canal utilisé par les entreprises pour mobilier les fonds nécessaires à la réalisation de leurs projets de financement ou de croissance. A titre de comparaison, à la fin de l’année 2016, l’encours de crédit aux seules TPE françaises s’établissait à un peu plus de 245,7 milliards d’euros. En ce qui concerne les PME, 9 d’entre elles sur 10 obtiennent le crédit d’investissement demandé et 8 PME sur 10 le crédit de trésorerie. Des statistiques bien trop éloignées de ce que propose le crowdfunding. Il faut tout de même noter le rapprochement entre ces deux mondes (autrement dit banque traditionnelles et plateformes de crowdfunding) par l’intermédiaire de partenariats (notamment BNP – ULULE, Crédit Agricole – Babyloan, …) mais également par le biais de prise de participation ou d’acquisitions directes de ces plateformes. C’est notamment le cas de la Banque Postale et du groupe de financement participatif KisskissBankBank & Co (qui rassemble le premier, helloMerci et Lendopolis).
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, lever des fonds auprès d’un site de crowdfunding, n’est pas toujours chose aisée.
Bien souvent, l’on qualifie de fastidieux le processus de recherche de fonds auprès d’un établissement bancaire. Au-delà de la difficulté qui réside dans la constitution d’un dossier de demande de prêt, il faut surtout parvenir à convaincre le banquier. Le parcours pour l’obtention de fonds dans le cadre d’un crowdfunding comporte également son lot de difficultés.
En effet, il existe une multitude de plateformes de financement participatif. Elles sont nationales, européennes voir internationales pour bon nombre d’entre elles. Certaines se sont spécialisées dans un domaine en particulier (qui peut être la musique, la mode, développement d’entreprise, prêts aux ONG) et d’autres sont plus généralistes. Par ailleurs, elles ne fonctionnent pas toute de manière identique. Certaines plateformes telles que Ulule conditionnent la remise des fonds collectés à l’atteinte d’un objectif initialement fixé à l’inscription. C’est le « tout ou rien ». Ainsi, la première difficulté sera de trouver d’une part l’intermédiaire en investissement financier qui correspond au mieux à son projet et d’autre part celui qui répond à vos attentes. Passé cette étape, il convient ensuite d’organiser et d’animer une véritable campagne de collecte de fonds qui dépasse le simple fait d’inscrire son projet sur une plateforme. Il faut vendre son projet pour convaincre son entourage proche, c’est celui que l’on qualifie de « premier cercle ». Ce sont la famille et les amis proches. Il faut par la suite atteindre le second cercle qui correspond aux relations du premier cercle et peut être enfin réussir à fédérer des inconnus (le 3è cercle) autour de son projet. Cela nécessite la mise en place d’une réelle stratégie de marketing et de communication, la maîtrise de son sujet et donc la mobilisation de ses propres compétences, de son imagination pour créer le « bon buzz ».
Le financement participatif, c’est attractif mais ce n’est pas gratuit.
Ce qui rend le crowdfunding attrayant, c’est qu’il soit ouvert à toute personne (physique ou morale), peu importe le projet, à condition bien entendu que ce dernier n’aille pas à l’encontre de la loi. Il y est donc plus aisé d’y présenter un projet qui n’est pas obligatoirement orienté vers la réalisation de profit. C’est aussi en cela que réside la différence avec votre banquier qui, et à juste titre d’ailleurs, aura un langage orienté rentabilité financière. Mais très souvent, ce que l’on ignore, réside dans le fait que l’avantage que procure le financement participatif n’est pas gratuit. En effet, les plateformes de financement participatif se rémunèrent en prélevant un pourcentage (non négligeable) des sommes éventuellement mobilisées sur un projet. Du coté des établissements financiers, toujours dans son bulletin « Stat Info« , la Banque de France donne le taux moyen de 1.9% pour des prêts aux TPE en France en 2016 et pour des sommes inférieures à 250 000€. C’est effectivement un taux moyen, qui plus est, ne nous informe pas sur les garanties exigées par les banques ni sur la durée des prêts. Toutefois, il nous permet d’avoir un aperçu rapide des taux d’intérêts. Mais il serait difficile de tenter une comparaison avec le crowdfunding pour des projets qui nécessite des ressources financières plus importantes. Le montant des commissions prélevé par les plateformes en une seule fois et peut être compris entre 4% et 8% de la somme collectée. La commission peut par ailleurs dépendre de divers critères tels que le niveau des montants levés (ce qui est le cas du site ULULE), la devise, le caractère cofinancé du projet… A cela il faudra parfois ajouter des frais de dossiers. Certains sites proposent des packs d’accompagnement payant. Crowd’In pour ne citer que lui par exemple propose des services de coaching. Faut-il également rappeler, le coût en termes de temps passé à travailler son projet.
Un exemple de projet faisant appel au financement participatif
Je souhaite illustrer mon propos en partageant avec vous un projet longuement mûri par un ami proche. Il est aujourd’hui à la seconde phase de son projet de création de vêtements sous sa marque DKC (Dakar City). Cette phase se poursuit avec la création d’une nouvelle collection. DKC, c’est le mélange entre deux styles : urbain et ethnique. C’est également, un esprit de solidarité. En effet, la marque s’engage et souhaite participer à l’insertion des jeunes au Sénégal grâce au reversement d’une partie des ventes à l’association ROYUKAAY. C’est un réel engagement quand nous connaissons l’actualité souvent marqué par des disparitions de nombreux jeunes africains en méditerranée. Il a donc besoin du second cercle de connaissance que vous êtes. Ci-dessous le lien de sa campagne de crowdfunding qui est en cours afin de financer cette nouvelle collection;
Article intéressant et utile, comme beaucoup de personnes je pense, je connaissais pas ce dispositif.
Merci pour l’initiative et bonne continuation